Jean-François Revel

Lettre de Revel à Jacques Faule

Le 6 juillet 1977

Lanmodez
par
22160 PLEUBIAN

Cher ami,

J’ai profité de quelques jours de loisir en Bretagne pour terminer tranquillement la lecture de votre mémoire. Merci, d’abord, de me faire découvir Vallès, que, je vous l’ai dit, je crois, je n’ai jamais lu. Merci également d’avoir si bien dégagé un certain nombre d’axes que je finis moi-même par perdre de vue parfois, tant j’ai l’impression qu’ils sont peu compris, ou au contraire se sont comme fondus dans le domaine public. J’ai beaucoup aimé que vous illustriez si bien le lien “gauchisme-réformisme” et le caractère positif de la “récupération”. Et aussi la notion de censure idéologique, très importante, actuellement surtout. Coïncidence de pensée, c’est exactement l’expression que j’emploie dans le livre que je viens de terminer, lequel n’est à vrai dire qu’un dossier, le dossier de la Tentation totalitaire, dont je vous joins le texte de présentation. Grâce à vous, je pourrai mettre en exergue de la conclusion la belle phrase de Vallès: “La mise à l’Index est la mise en joue des temps de trêve.” Cette formule ramasse si bien ce que j’ai voulu montrer dans la Nouvelle censure que je vais bientôt me persuader qu’elle est de moi, ce qui achèvera de rasséréner, je l’espère, Jean-Pierre Richard.

Comment marche votre travail à Beaubourg ? Vous permet-il de vivre au moins élémentairement ? Nous en parlerons à mon prochain passage à Paris.

Bien amicalement,

JFRevel

En juillet et en août, je serai le plus souvent possible à l’adresse ci-dessus. Comme convenu je vous ferai signe quand j’irai à Paris, en vous téléphonant, un peu avant, d’ici.