Revel à propos de Sartre
Pourquoi l’écrivain français le plus représentatif des années 1950 et 1960 a-t-il haï la liberté, lui le philosophe de la liberté ? Pourquoi ce penseur si intelligent approuva-t-il la nuit intellectuelle du communisme?
Pourquoi le fondateur de la fameuse revue Les Temps modernes ne comprit-il rien à son temps? Pourquoi ce raisonneur si subtil a-t-il été l’un des plus grandes dupes de notre siècle?
Au lieu d’escamoter ces réalités, mieux vaudrait tenter de les expliquer. Le problème n’est pas celui des aberrations d’un homme. C’est celui de toute une culture. Pour le résoudre, inspirons-nous de ce que Sartre a enseigné, surtout pas de ce qu’il a fait, de sa philosophie de la responsabilité, surtout pas de ses actes irresponsables, de sa morale de l’ authenticité, surtout pas de son idéologie de la falsification.
Citation extraite d’un éditorial radiophonique diffusé par Europe 1 le 21 avril 1990.
la réponse aux questions du commentaire a été donnée par un très brillant journaliste qui n’hésite pas à manier le cynisme: il était plus beau de se tromper avec Sartre que d’avoir raison avec Raymond Aaron (Jean Daniel).
Sartre ,lui, était “prochain” ( 1er Provinciale.B.Pascal)
J’ai grande admiration pour Jean Daniel, mais son commentaire manque de sérieux, à se demander si c bien lui qui a écrit cela.
Se réjouir des morts et déportés provoqués par l’erreur en question, ce n’est plus du cynisme, c de la provocation indigne de ce journaliste.
Sartre? …il ne restera rien.
Très facile à comprendre : Sartre était philosophe.
C’est pas pour rien que J.-F. Revel finit son Histoire de la philosophie occidentale en citant Cicéron :
“Rien ne peut être dit de si absurde qui ne soit dit par quelque philosophe” (De Divinatione; 2, 58.)
La lucidité m’invite à retourner ce texte contre son auteur. Revel est un soutien inconditionnel des USA et des néoconservateurs libéraux, qu’il assimile hâtivement à la “démocratie” et à la “liberté”. Pourquoi un penseur si intelligent approuve-t-il la nuit intellectuelle du néoconservatisme ? Pourquoi ce moralisateur si subtil a-t-il été l’un des plus grandes dupes de notre siècle naissant ?
Pour mémoire, Revel écrivait dans Le Point du 21/02/2003 : “DES MILLIONS DE MANIFESTANTS, PARTOUT DANS LE MONDE, ONT DÉFILÉ «POUR LA PAIX»… si l’on en croit les manifestants, que Saddam est un ardent champion de la paix! En le soutenant, les cortèges pseudo-pacifistes consolident donc en pratique le pouvoir d’un homme qui n’a cessé d’agir dangereusement contre ses voisins. Et ils contribuent à perpétuer l’une des dictatures les plus sanguinaires de notre époque…
Selon les slogans des manifestants du 15 février, c’est Bush qui serait un assassin et ainsi, par contraste, Saddam un protecteur de la vie humaine. C’est Bush qui mettrait en péril la démocratie et Saddam qui la défendrait. C’est Saddam qui fait les guerres, et c’est Bush qui serait belliciste… L’absurdité d’un tel renversement des rôles est trop évidente pour relever encore de la réfutation raisonnée. On peut très bien nier que la guerre soit une solution au problème actuel du danger irakien, mais non qu’il y ait un danger irakien.”
Ces tristes propos apparaissent avec le recul du temps pour ce qu’ils sont : un escamotage de la vérité. Non seulement le danger irakien était fabuleux, mais l’article oubliait de préciser que le dictateur Hussein s’était attaqué à son voisin l’Iran et avait réprimé son propre peuple avec l’entier soutien des USA et de l’Angleterre (soutien logistique et idéologique). Dans ce jeu des cynismes, faire des défenseurs de la paix des “falsificateurs déraisonnables” témoigne de plus de morgue que de sagesse.
Sans vouloir justifier un seul instant les égarements de Sartre, je vous invite donc à mettre en pratique vos propres recommandations, M. Revel : inspirons-nous de vos appels à la liberté et non de votre soumission à l’impérialisme état-unien, de vos appels à la responsabilité et non de votre hallali guerrier, de votre invitation à l’authenticité et non de vos postures de “diseur de vérité”.
Vous devriez à ce sujet méditer avec plus d’acuité les préceptes qu’énonçaient votre fils, Matthieu Ricard :
” Tout le bonheur du monde vient d’un coeur altruiste, et tout son malheur de l’amour de soi. A quoi bon tant de paroles ? Le sot est attaché à son propre intérêt et le Bouddha se dévoue à l’intérêt d’autrui. Vois par toi-même la différence !” (L’infini dans la paume de la main, pocket, p335)
Songez-y lorsque vous verrez les prochaines images de victimes en Irak.
A bon entendeur.
Revel est bien gentil de ne pas souligner la veulerie du bigleux cocu, qui a fait carrière en tant que « philosophe de l’engagement ».
La seule fois de sa vie où il aurait dû s’engager, sous l’Occupation, Sartre s’est terré au café de Flore sous les jupes de la mère Simone.
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“‘Il était plus beau de se tromper avec Sartre que d’avoir raison avec Raymond Aron” aurait dit Jean Daniel? Premier commentaire de B. Masson. C’est à hurler! Qu’est-ce que c’est que cette phrase à la con? Qu’est-ce que vient foutre la beauté la-dedans? J’ai du mal à imaginer que Jean Daniel ait écrit une phrase aussi bête! On parle de la vérité, pas de la beauté!… À y réfléchir, ça ne m’étonne pas trop de Jean Daniel : sa pensée ne va jamais pas plus loin…Entre Revel et Daniel, ça ne joue pas dans la même cour.
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