Pour l’amour du grec
“Pour l’amour du grec” (Jacqueline de Romilly, Jean-Pierre Vernant, Bayard, 2000) est une anthologie collective où les contributeurs choisissent les vers de l’Antiquité “qui leur font battre le coeur”, et y “mêlent leur voix”.
Revel y choisit “Les bucoliques, “Les Thalysies“, Théocrite, idylle VII, vers 131 à 157 (pages 149-150).
“Nous nous rendîmes chez Phrasidamos et nous couchâmes avec joie sur des lits profonds de jonc frais et de pampres nouvellement coupés. Au-dessus de nous, nombre de peupliers et d’ormes frissonnaient et inclinaient leurs feuilles vers nos têtes…” (pages 149-150)
Voici le texte de Revel intitulé “Ma Provence natale” (page 151) :
La littérature grecque: on pense à ses philosophes, à ses historiens, à ses orateurs, à ses poètes tragiques, comiques, épiques. On ne pense pas assez, peut-être, à sa poésie lyrique, si riche et si proche de nous, d’accès immédiat pour notre sensibilité. Je me rappelle mon éblouissement lorsque, en classe d’hypokhâgne, notre professeur de grec nous donna en préparation l’une des Bucoliques de Théocrite, ces “Thalysies”: la célébration des récoltes, spécialement du jour où l’on bat le blé. J’y retrouvai toutes les odeurs de ma Provence natale, ses couleurs, ses oiseaux, ses ronces et ses fruits, cette enivrante chaleur d’août qui, même sans le vin délicieux que savourent les deux complices dans les “Thalysies”, monte à la tête et plonge tout le corps dans un bien-être somnolent. Pas plus que le bonheur la poésie ne s’explique, parce qu’elle est bonheur.