Le Style du Général
Précédé de De la légende vivante au mythe posthume (1988)
Présentation de l’éditeur
En juin 1959, un an après le retour au pouvoir de De Gaulle, quelques mois après la fondation de la Ve République et l’accession du ” plus illustre des Français ” à la présidence de la République, Jean-François Revel, alors jeune intellectuel et journaliste de 35 ans, publie Le style du Général, que The Observer, à Londres, salue comme ” le premier pamphlet antigaulliste de l’histoire de la Ve République “. Un pamphlet ? Certes oui, car le réquisitoire est sévère sur la ” manie de grandeur ” d’un homme qui se considère comme une ” incarnation perpétuelle de la France éternelle “. Mais il s’agit également d’une analyse approfondie de la langue du général De Gaulle, soulignant ses approximations et ses enflures, traduisant une pensée profondément conservatrice. Antigaulliste ? Sans doute, puisque Jean-François Revel ne partage pas l’enthousiasme des thuriféraires du nouveau régime. Mais ce texte montre également en quoi De Gaulle est un maître virtuose dans l’art de gouverner par le verbe. Voici donc un exercice de sémiologie politique et d’analyse stylistique qui, comme dévoilement de la pratique du pouvoir, n’a rien perdu de son actualité en ces temps où, cinquante ans après le retour de De Gaulle, un nouveau manieur ambigu des mots se trouve à la tête de la République.
À lire :
Extraits d’une critique du livre par François Mauriac (“D’un bloc-notes à l’autre“, Ed. Bartillat, 2004, 525-528) :
M. Jean-François Revel ferait mieux de dénoncer les responsables d’un état de chose qui le blesse, et qui se trouvent à ses côtés. La critique de la gauche, ou des gauches comme on disait autrefois, cela devrait être aujourd’hui l’occupation de ce sagace docteur qui, dans un livre précédent, s’était si brillamment moqué des philosophes.
Il y a loin du style écrit au style parlé. Cette évidence semble avoir échappé à M. Jean-François Revel ; dans son livre, “Le Style du Général”, il s’en prend surtout aux discours improvisés du président de la République.
Une idée que le général de Gaulle n’a pas eue, ce fut de prendre dans son cabinet un quelconque Jean-François Revel pour écrire ses discours. C’était assez l’usage des hommes d’Etat, sous nos diverses républiques, d’avoir dans leur entourage un normalien préposé aux phrases. Mais le général de Gaulle ne saurait débiter les discours d’un autre. Cela n’est pas imaginable, M Jean-François Revel en conviendra. Tel est ce personnage que vous ne concevez pas vous-même qu’il puisse être l’écho d’une pensée qui ne soit pas la sienne.
[…] pamphlets comme « Le Coup d’Etat permanent » de Mitterrand ou le « Style du général » de Jean-François Revel ont été des succès éditoriaux, ils n’ont pas fait beaucoup d’émules. Comment par […]