Jean-François Revel

Hommages de Mario Vargas Llosa

A l’occasion de la sortie de son nouvel ouvrage L’Appel de la tribu, Mario Vargas Llosa donné plusieurs interviews où il rend hommage à Revel.

En voici les extraits :

Source: Mario Vargas Llosa: «Le libéralisme est la seule idéologie viable», Grand Entretien Le Figaro Magazine avec Jean-Marc Gonin, 19 février 2021 (réservé aux abonnés)

Le Figaro: Vous esquissez un portrait détaillé et élogieux de Jean-François Revel. Comment l’avez-vous connu?
Je l’ai connu au Pérou, à Lima. Il parlait un très bon espagnol et j’ai été surpris par sa connaissance de l’Amérique latine et de ses problèmes. Il pouvait parler d’égal à égal avec un intellectuel latino-américain. Nous nous sommes liés d’amitié. Je lui rendais régulièrement visite à Paris. Il s’est rendu au Pérou pour me soutenir lorsque j’étais candidat à l’élection présidentielle. Il connaissait les réalités de ce continent qui n’avaient rien à voir avec les rêves et les fantaisies qui avaient cours en France à l’époque.
J’ai lu tous les livres de Jean-François. La somme de ses connaissances m’a étonné. Il a écrit une histoire de la philosophie, qui est un ouvrage formidable, mais il n’ignorait rien non plus de la politique contemporaine. Son anthologie de la poésie française est remarquable.

Il avait un parcours similaire au vôtre: parti de la gauche, il s’est retrouvé dans le camp libéral…

Comme tout le monde! Le mythe de la gauche attire la jeunesse. Ensuite, Jean-François Revel est devenu plus sérieux pour adhérer aux idées libérales. Quand il était directeur de L’Express, cet hebdomadaire était le seul en France à relater les réalités de l’Amérique latine sans les travestir.

Source: Mario Vargas Llosa : « Plus l’État grossit, plus son efficacité diminue », entretien avec Christophe Ono-dit pour Le Point (le Postillon), 10 février 2021 (réservé aux abonnés)

Le Point: Vous avez de tendres pages pour Revel…
Plus je le lis, plus il me fait penser à un Orwell ou un Camus d’aujourd’hui. Il était indépendant, lucide, mordant, il percevait parfaitement le moment où la théorie commence à trahir la vie. Il a montré aussi que le journalisme pouvait être hautement créatif et compatible avec l’élégance du style. Pour moi, c’était l’héritier de la grande tradition du non-conformisme français, celle qui incite les esprits vraiment libres à tout remettre en question. En subordonnant toujours la théorie aux faits, et le pensé au vécu.