Jean-François Revel au combat
Par Roger-Pol Droit
Publié le 13 septembre 2002. Le Monde.
Pas moyen d’y échapper. Que ce soit dans les journaux, à la télé, à la radio, au Café du commerce, vous entendrez dire du mal de l’Amérique. Depuis le 11 septembre, paradoxalement, on médit plus encore. Presque partout, mais singulièrement en France. Toutes sortes de petites mains excellent dans le genre. Car les griefs, comme chacun sait, sont multiples. Capitaliste, l’Amérique est censée s’enrichir chaque jour en appauvrissant les pauvres. Impérialiste, elle ne songerait qu’à étendre sa domination économique et militaire sur le monde. Egoïste, elle ne se préoccuperait que de ses intérêts et de la défense de son mode de vie. Belliciste, elle choisirait les bombes plutôt que les accords politiques. Pollueuse, elle détraquerait le climat, mettrait la terre en péril. Fasciste, elle organiserait le règne de la censure, limiterait la démocratie, multiplierait manipulations et violences. Inculte, elle tenterait d’imposer au monde entier des distractions vulgaires et uniformisées. Sans doute ne vous dira-t-on jamais tout cela de manière aussi brutale. On y mettra des formes – allusions, suggestions et autres variations. Mais toujours, quel que soit le dossier, la source de tous les maux, la cause des malheurs du monde, finalement, c’est elle.
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